Le « nu héroïque » est la représentation, en principe, de la vertu d'un héros, par un nu artistique masculin. (On remarquera la proximité étymologique des mots latins vir et virtus.) Cette forme est fréquente dans la sculpture et dans la peinture et dans l'art du XVIIIe siècle. La vertu ainsi représentée peut être le Vrai, le Beau, le Bien.

Antiquité

La notion de « nu héroïque » n'est appliquée, par les archéologues et les historiens d'art, pour les représentations les plus anciennes, qu'avec l'art grec. Elle s'applique, ensuite, à l'art hellénistique et à l'art romain. C'est, par définition, ce qui distingue un héros d'un humain, les dieux peuvent être figurés nus mais leurs représentations sculptées possesdaients des attributs (comme le foudre de Zeus). Ces attributs ont souvent disparus avec le temps.

Dans l'Antiquité grecque, Selon Bernard Holzmann, « [le nu] est un costume qui place le sujet dans un état de surréalité, divine ou bien héroïque, quand il s'agit de personnages honorés ou morts. Le nu héroïque autorise, dans la sculpture, une échelle plus grande que nature, alors que le commun des mortels est représenté à l'échelle naturelle dans l'art grec. Dans la peinture sur vase, le vase François montre le corps héroïque d'Achille, nu, parmi ses compagnons, en costume militaire. En effet pour un grec, il n'y a pas de plus belle mort que la mort au combat, le soldat meurt en héros. Il y donc deux types de héros, ceux de l'épopée - où figure Achille - et les simples soldats morts au combat.

La culture romaine, sous l'Empire plus particulièrement, a fait appel à des sculpteurs grecs dont ils reconnaissaient la supériorité dans le domaine des arts. Au Musée archéologique de Delphes, la statue d'Antinoüs, le favori et amant de l'empereur Hadrien (règne: 117-138) - lequel était passionné de culture grecque - possède un visage conforme aux autres portraits et un corps dans la nudité héroïque. Ce corps suit, d'ailleurs, les proportions et la pose fixées par Praxitèle, au milieu du Ve siècle AEC. Un culte lui a été rendu dans tout l'Empire. Il a donc été non seulement héroïsé mais aussi divinisé. Mais la nudité héroïque a été choisie, parfois, sans autre raison, apparemment, que pour se donner et donner à sa famille, une image valorisante de soi.

Époque moderne

Cette métaphore atteignit la représentation des « grands hommes », ceux dont les actions pouvaient incarner un « état supérieur d’existence ». Le premier buste classique, à l'antique, nu et portant un manteau de général romain sur l'épaule, est celui du baron Philipp von Stosch par Edme Bouchardon, lors d'un voyage à Rome et sur le modèle des nus d'empereurs héroïsés. Deux exemples, un peu plus tard, peuvent être pris dans le style néoclassique qui s'est imposé dans le milieu de l'art à la fin du XVIIIe siècle et au début du siècle suivant : Napoléon en Mars désarmé et pacificateur d'Antonio Canova, réalisé en 1806, et « Léonidas aux Thermopyles » du peintre David (dans le format monumental de 3,95 x 5,31 m), achevé en 1814, juste avant Waterloo.

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Martial Guédron, Le nu héroïque ou les vertus régénératrices de la beauté au XVIIIe siècle, Champ psychosomatique 2002/2 (no  26 (publication sur cairn.info [3])
  • (en) Tom Stevenson, The 'Problem' with Nude Honorific Statuary and Portraits in Late Republican and Augustan Rome [4], Greece & Rome, 2nd Ser., Vol. 45, No. 1 (Apr., 1998), p. 45-69.

Articles connexes

  • Hermès assis
  • Antinoüs du Belvédère
  • Antinoüs du Capitole
  • Hermès portant Dionysos enfant

Liens externes

  • Notice de Cairn.info  : Martial Guédron, Le nu héroïque ou les vertus régénératrices de la beauté au XVIIIe siècle
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